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Ancretiéville-Saint-Victor

Le village compte 376 habitants en 2012. Il couvre 1 154 hectares sur le sommet de 170 mètres qui sépare la vallée de la Saâne au nord et la vallée de l'Austreberthe au sud. Il naît en 1822 et 1823 de la réunion de trois communes, Ancretiéville-l’Esneval, 66 maisons et 273 habitants, Saint-Victor-la-Campagne, 49 maisons et 207 habitants, et Frettemeule, 18 maisons et 70 habitants. Un regroupement des paroisses au profit de Saint-Victor avait déjà eu lieu en 1802, mais en 1807, les trois paroisses disparaissent pour être réunies à Hugleville, chef-lieu. Les querelles de clocher sont bien entendu incessantes. Elles redoublent à partir de 1846 alors que le village se sépare d’Hugleville pour retrouver son rang de paroisse. Elles culminent durant tout le second empire, alors que le village édifie, contre toute logique, les bâtiments du chef-lieu au hameau de Saint-Victor : un nouveau presbytère en 1854, une nouvelle église avec son porche clocher et ses deux élégantes tourelles en 1858 et 1859, et une mairie-école qui accueille ses premiers élèves en 1866. La troisième république voit les querelles de clocher disparaitre au profit des rivalités politiques. La grande guerre rassemble le village qui perd douze de ses hommes. En 1939, à Noël, le prêtre promet d'élever une statue à la Vierge si les habitants sont tous sains et saufs après la guerre. C'est ce qui arrive et Notre-Dame-de-France, sculptée en 1947 par Carlo Sarrabezolles dans du béton frais, est aujourd'hui un symbole pictural d'un village qui a trois racines.

 

Ancretiéville-l’Esneval

Ce nom vient du patronyme scandinave Ásketill, qui a donné le nom de famille Anquetil et qui signifie le chaudron des dieux, et du latin villa qui a donné village. Le châtelain de Pavilly, le baron d’Esneval, a toujours été le seigneur du village. Il lui a donné son surnom qui désigne le val de l’Esne, de l'ancien nom de l’Austreberthe. Ancretiéville, terre d'Esneval, n'a donc pas de châtelain, ni de château. Au Boutenmègre subsistent cependant les restes d'une gentilhommière, celle des Leprévost, seigneurs de La Londe, mais habitants de ce village.

La paroisse a son église dédiée d’abord à Notre Dame puis à saint Gilles à partir de 1720, son cimetière, son presbytère et son école. Cette petite église est refaite à neuf en 1753, mais elle est abandonnée en 1802 et un décret de 1806 donne ses statues et son presbytère à la cure de Saint-Victor, ce qui occasionne une belle petite révolte et « l’enlèvement des images des saints ». De cette paroisse disparue, il reste des statues en pierre peinte du 16ème siècle, en particulier celle de saint Gilles, un pan de mur de l’église, le calvaire du cimetière maintenant au pied du château d’eau et le presbytère.

 

Saint-Victor-la-Campagne

Son ancien nom est Sancti Victoris in Campania, c'est à dire Saint-Victor-en-Campagne. Ses quatre fiefs féodaux ont connus de nombreux seigneurs : les Gueutteville (13ème - 14ème), les Orbec (14ème - 16ème), les Delahaye (16ème), les Letellier (17ème), qui ont offert le très beau retable en 1661, puis les Robert (18ème) qui ont édifié le grand château Louis XV et ses dépendances vers 1730.

Sa première église est bâtie au 11ème siècle, avec un clocher situé entre chœur et nef. Elle est restaurée au 17ème siècle et deux litres seigneuriales sont alors peintes autour de la nef, ce qui est rare. Elle possède " une superbe contre-table en bois sculpté, à colonnes corinthiennes torses, couvertes de vignes et de raisins que mangent des colombes et des serpents ", avec un beau tabernacle, œuvre de Pierre Baudart, un tableau sculpté – une descente de croix- et deux bas-reliefs en stuc du 18ème siècle. Vétuste, malcommode, cette ancienne église est détruite en 1858 pour faire place à l’église actuelle, entièrement financée par souscription des villageois.

 

Frettemeule

Ce nom vient de Fractâ-Molâ signifiant moulin brisé. Il date de l’époque franque, ce qui signifie que du temps de Charlemagne, il y avait ici un moulin à eau que les Vikings ont détruit vers le milieu du 9ème siècle.

Les seigneurs de Frettemeule ont été les Desprez (15ème - 18ème) qui ont construit un petit château Louis XIV en brique à la fin du 17ème siècle. A la veille de la Révolution, la seigneurie passe aux Garvey, gentilshommes d’origine irlandaise. Le château est partiellement détruit à la fin du 19ème siècle, mais le colombier subsiste.

Son église, bâtie au 11ème siècle, agrandie par un chœur au 12ème siècle, est renouvelée au 17ème siècle. Elle porte une litre seigneuriale et possède un retable marqué des armes du seigneur qui l’a offert en 1725. Peu utilisée après le décès de son dernier prêtre en 1829, l’église est vendue pour être démontée en 1949. Sa cloche, donnée par Jacques Desprez en 1546, est offerte au curé de Saint-Louis de Fécamp, l'ancien curé du village qui formula le vœu de 1939. Les statues des saints patrons, saint Pierre et saint Paul, sculptées au 17ème siècle dans un arbre de moulin, sont à Saint-Victor. Une ancienne croix en grès taillé, posée sur une meule brisée, marque l'emplacement de l'église disparue.


août 2010, révisé en 2014 - Sylves Lamiaux, d'après Jehan de Paix de Cœur

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Publié par les amis d'Ancretiéville